« La présence de cette koboline l’insupportait. D’ordinaire, elle ne se manifestait pas, ou moins, mais ce soir, elle minaudait, elle l’énervait. Depuis bientôt dix jours qu’il mangeait ici, Akalbe s’était toujours arrangé pour dîner seul, en se présentant à une heure avancée. Cette cuisinière l’avait attendu, elle avait réchauffé le repas et l’avait servi, ce qui était normal au prix où il payait son séjour. Mais quel besoin avait-elle de l’assister ainsi ? Pourquoi tant d’attentions ? Pourquoi s’acharnait-elle ?

Elle se pencha afin de débarrasser la table, l’indisposant de son odeur naturelle de chien mouillé. Puis, d’un sourire, elle révéla des dents jaunies, sales. Sa laideur l’écoeura. Elle se permit même de lui dire trois mots, cette créature impure, dégénérée, elle s’adressa à lui comme s’ils se connaissaient intimement.

Excédé, Akalbe la saisit par les cheveux. La koboline n’osa pas protester ni se libérer de la poigne. Elle l’interrogea d’un air étonné, dénué de méfiance. Akalbe lui frappa le crâne sur la table. Elle couina, laissa échapper l’écuelle, la timbale, la cruche qui se brisa sur le plancher. Il cogna à nouveau, encore, les yeux exorbités, il s’esclaffa, ivre de plaisir. Le sang ne l’arrêta pas. Il continua, plus fort. Tout à coup, il suspendit ses assauts, lâcha prise. La koboline s’écroula. Akalbe observa interloqué sa paume et ses doigts rougis puis le cadavre.»